Souvenirs de la Maison des Vicaires - Bugeat - Corrèze - Juin 1940 / Novembre 1942
 
Un enfant de 6 ans, François-Xavier Gilbert, réfugié lorrain à BUGEAT, témoigne…
 
 
 
  (Devant la maison, route de la Gendarmerie)
 
 
 
Bugeat- Paris – Septembre 2014
Le texte qui suit est constitué des souvenirs que M. François-Xavier Gilbert a communiqués, en partie de vive voix, en partie par écrit, à Josiane et Pierre Gandois, propriétaires actuels de la Maison des Vicaires, située à Bugeat, 24, rue Nationale, maison où a vécu, pendant plus de deux ans, François-Xavier, âgé de 6 ans, avec son frère Jean-Louis et avec Mme Paris - on prononce : Parisse -, grand-mère maternelle des deux enfants ; les souvenirs communiqués par M. Gilbert sont accompagnés de notes, placées entre parenthèses, des notes qui tendent à éclairer tel ou tel point du récit, et qui sont dues à Guy Pénichou et à Josiane et Pierre Gandois ; les huit photographies qui illustrent ce récit ont été communiquées par M. Gilbert, que nous remercions ici pour ce précieux témoignage)

 

 
1. En 1940-1942, une famille lorraine et une maison de Bugeat dans la tourmente de l’Histoire
 

 
(Sur l’escalier : la grand-mère des deux enfants, Mme Paris, Jean-Louis, 9 ans, avec des lunettes,
et François-Xavier, 7 ans, avec un béret)

 
 
M. François-Xavier Gilbert, dont la famille est originaire de Void-Vacon (note : Void-Vacon est une commune située en Lorraine, dans la Meuse, sur la Nationale 4, à l’ouest de Nancy) a habité la Maison des Vicaires dans les années 1940-1942 (note : la Maison des Vicaires est située 24, rue Nationale, à Bugeat ; elle est séparée par une ruelle de la maison du 26, rue Nationale, où a résidé, à partir des années 1960, la famille Mimoun).
 
Les parents de François-Xavier, lorrains, décident, en 1940, de faire vivre leur fils François-Xavier, âgé de 6 ans, et son frère Jean-Louis, âgé de 8 ans, en Corrèze, à Bugeat, qui est alors en zone libre, loin de la Lorraine occupée par les soldats allemands.
 
Pourquoi le bourg de Bugeat est-il choisi par la famille Gilbert comme point de repli pour les enfants ? C’est le résultat d’une longue et ancienne histoire. L’oncle de François-Xavier, Jean Paris, frère de la grand-mère des deux enfants, est atteint de la grippe espagnole, après son engagement, au début de l’année 1918 ; la grand-mère des enfants va le soigner à l’hôpital militaire situé à Saverne, en décembre 1919 ; à côté de Jean Paris, est hospitalisé un militaire plus âgé que lui, natif de Bordeaux ; ce soldat, nommé Nony, tient un magasin de tissus, à Bugeat (note : ce magasin était situé sur la rue principale, en face de la « Maison des Bruyères ») .
 
La grand-mère des enfants prend soin de ce soldat, qui lui dit : « Si un jour vous êtes menacée, repliez-vous chez nous, nous vous accueillerons en signe de reconnaissance » ; la famille Gilbert reste en relation avec la famille Nony, et, en particulier avec le fils du soldat ; et donc, en 1940, les parents de François-Xavier acceptent l’offre qui avait été faite par le soldat Nony.
 
Les deux frères, et leur grand-mère maternelle, Mme Paris, s’installent d’abord dans la maison Orlianges de commerce de vins, située près du pont de chemin de fer donnant le passage sous la voie ferrée en bas du bourg.
 
Puis, lorsque la Maison des Vicaires est aménagée pour les trois personnes de la famille Gilbert, les deux enfants et leur grand-mère s’installent à la Maison des Vicaires, 24, rue Nationale, sur la grande rue qui traverse le bourg de Bugeat.
 
La « rue Nationale » est le nom actuel de cette rue ; l’adresse, en 1940, de la famille Gilbert, qui réside dans cette maison, est : « Mme Paris, route de la Gendarmerie, réfugiée » (note : cette mention « réfugiée » avait un sens administratif et elle identifiait des personnes qui étaient installées dans un lieu différent de leur domicile habituel ; les autorités du Régime de Vichy établissaient des listes de ces personnes et elles cherchaient ainsi à contrôler leurs activités).
 
 
2. En juin 1940, le voyage de Void, bourg lorrain, à Bugeat, bourg corrézien
 
 
(Au premier plan, François-Xavier, à droite, et son frère Jean-Louis, à gauche ;
on aperçoit la grand-mère, Mme Paris, à la fenêtre de la pièce du bas)

 
François-Xavier se souvient de l’un des jours du bombardement de Void par des avions italiens, les 12 et 13 juin 1940 (note : la question de savoir si les avions qui ont bombardé l’est de la France pendant la « bataille de France » étaient italiens ou allemands est débattue par les historiens). La famille Gilbert habite alors le 33, rue Louvière. L’alerte sonne et les membres de la famille descendent dans la cave par l’escalier intérieur ; par la porte extérieure restée ouverte, François-Xavier entend les explosions et il voit se briser sur les escaliers les vitres des fenêtres de la maison ; cela lui cause une affreuse frayeur.
 
Le soir même, le 13 juin, à 9 heures du soir, la famille Gilbert prend la route dans la voiture de la mère des enfants, une Citroën B14, bien chargée au préalable ; sur le toit, il y a un matelas et des couchages, et, entre les deux, un cadre du « Sacré Cœur de Jésus » sur fond rose.
 
A l’intérieur de la voiture, pour séparer les sièges arrière, dévolus aux deux garçons (Jean-Louis et François-Xavier) et ainsi éviter les bagarres, sont entassées des malles d’osier avec une petite fenêtre pratiquée pour permettre aux deux frères sinon d’échanger des coups, mais au moins de se passer des jouets.
 
A l’avant de la voiture, sont installées deux personnes : la mère des deux garçons qui est au volant, et, à ses côtés, leur grand-mère. Le voyage promet d’être long puisque la destination est Bugeat, un bourg situé en Corrèze, sur le Plateau de Millevaches, et il faut atteindre cette destination par 700 km de petites routes.
 
La voiture de la famille Gilbert transporte donc, lors du voyage en voiture Void-Vacon – Bugeat, en juin 1940, quelques malles en osier et celles adaptées par le constructeur de la voiture ; une fois la famille arrivée à Bugeat, la mère des enfants s’est arrangée pour avoir des rangements rustiques ; les parents de François-Xavier affrètent un cadre (un « conteneur ») de la SNCF, et ils y mettent du couchage, des vêtements et diverses autres choses jugées précieuses et indispensables ; mais dans la pagaille de la débâcle, le conteneur n’est jamais arrivé et il a même disparu.
 
François-Xavier se souvient de quelques incidents survenus sur la route conduisant la famille Gilbert de Void à Bugeat ; le 22 juin 40, des soldats en déroute arrêtent la voiture pour clamer leur joie de savoir l’armistice bientôt signé et de voir arriver la fin de leur débâcle ; une nuit, un garagiste refuse de vendre de l’essence à Mme Gilbert en disant « Il n’y a pas d’essence pour les boches de l’Est » ; en pleine nuit, la mère de François-Xavier est surprise par une barrière de chemin de fer qui est baissée et elle doit freiner très brutalement si bien que le chargement du toit glisse sur le capot de la voiture, mais le cadre du « Sacré Cœur de Jésus » n’est pas brisé et la grand-mère des enfants y voit presqu’un miracle !
 
Finalement la famille Gilbert arrive à Bugeat ; le fils Nony les attend ; il a prévu l’hébergement de la famille Gilbert dans une maison qui est une annexe de la cure, la Maison des Vicaires.
 
Le père de François-Xavier, en sa qualité de notaire, officier public, doit attendre quelques jours l’autorisation de partir, donnée par la chancellerie, le ministère de la Justice ; François-Xavier se souvient de cette journée pendant les vacances d’été ; lui et son frère jouent avec des gamins à la sortie du village ; ils voient arriver un cycliste barbu qui se dirige vers eux pour les interpeller. C’est leur père ! Quelle surprise !
 
Le père des deux garçons raconte qu’il a pris sa voiture, une Renault, et qu’il a fait route vers le Massif Central où il a déposé, à Gannat, une vieille amie, Marie Degris, une voisine de Void qui avait là un point de chute ; ne pouvant se procurer de l’essence, il a acheté une bicyclette pour rejoindre sa famille à Bugeat (note : la distance de Gannat à Bugeat, par la route, est d’environ 150 kilomètres).
 

Lors du séjour du père de François-Xavier et de Jean-Louis, à Bugeat, la grand-mère des deux garçons abandonne la chambre qu’elle partage avec sa fille, et elle vient occuper le petit lit dans la chambre où couchent les deux enfants ; le père des enfants regagne Void le 19 août 1940.
 
 
3. La vie des enfants et de leur grand-mère dans la maison des Vicaires
 

(Sur un escalier du jardin ; de gauche à droite, l’abbé Bonneval, François-Xavier, Jean-Louis, l’abbé Perrinet ;
on devine, à l’arrière-plan, deux enfants, sur la terrasse de la maison voisine, devenue « La Mimounière » après la guerre)
 
Derrière cette photo du 27 juillet 1941, il est indiqué : « l’abbé Pernet, doyen » (note : les archives indiquent que, en 1928, Louis Perrinet est nommé curé de Bugeat). Il est indiqué aussi « l’abbé Bonneval, vicaire » (note : les archives indiquent que, en 1932, André Bonneval devient vicaire à Bugeat ; cet André Bonneval, qui était le neveu de Louis Perrinet, a laissé le souvenir d’un homme qui était un habile menuisier, et il pratiquait la menuiserie dans un atelier situé à deux maisons de la Maison des Vicaires).
 
L’annexe de la cure, la Maison des Vicaires, comprend, au rez-de-chaussée, un bureau et une chambre, où est logé le vicaire ; une autre pièce est une pièce à vivre, et elle sert au vicaire de cuisine ; cette pièce est utilisée par la famille Gilbert ; à l’étage, il y a le palier et deux chambres ; on y accède par un escalier en bois donnant sur un palier qui est garni de rayonnages servant aux rangements divers ; il y a, en enfilade, deux chambres : dans la première, un lit de deux personnes pour les parents, et, dans la deuxième, un lit d’une personne pour la grand-mère et un lit de deux personnes pour les deux garçons.
 
La maison appartient à la paroisse (note : dans les actes notariés, le propriétaire de la Maison des Vicaires est l’évêché de Tulle) dont le curé est le doyen Perrinet et le vicaire, l’abbé Bonneval, son neveu ; on peut dire que François-Xavier et son frère sont bien encadrés ! Le vicaire occupe donc deux pièces, en bas, communiquant entre elles, celle de devant, donnant directement sur la rue et l’autre sur le jardin. La communication entre ces deux pièces et l’autre partie qu’occupent les membres de la famille Gilbert est condamnée. Ils accèdent à leur « chez nous » par la ruelle, le jardin et un escalier.
 
 
4. Les visites à Bugeat de la maman des deux enfants
 

(Sur l’escalier extérieur ; la personne dans l’entrée de la porte avec un chapeau cloche est la mère des deux enfants)
 
En fait, le père des enfants Gilbert ne fait qu’un court séjour à Bugeat car sa « charge » de notaire lui commande de rentrer au plus vite en Lorraine, ce qu’il fait au mois d’août, et il n’est jamais revenu à Bugeat faute d’obtenir l’autorisation nécessaire.
 
La mère des enfants a fait le voyage, entre Bugeat et Void, plusieurs fois, partagée entre son mari et ses enfants qui sont en bonnes mains avec sa propre mère. Quand elle n’a pas d’« ausweiss », elle passe la ligne de démarcation en fraude à travers la campagne grâce à un passeur. Une fois, elle est arrêtée et mise en prison à Dôle. Son mari doit aller la « reprendre », en attestant de son lien d’époux ; dans cette circonstance, il lui offre une bague avec une grosse pierre bleue. Bien sûr, les enfants Gilbert n’apprennent cela qu’à leur retour à Void.
 
En fait, dans la maison de Bugeat, la plupart du temps, la grand-mère occupe la première chambre et les gamins la deuxième.
 
 
5. Le froid glacial de l’hiver et les engelures de François-Xavier
 


(La luge dans la descente vers le lavoir)
 

 
L’hiver 40-41, très froid, est terrible (note : l’hiver 1940-1941 est très froid ; la vague de froid s’étend du 13 décembre 1940 au 18 janvier 1941 ; les températures sont particulièrement basses sur la moitié Sud avec  –20° à Clermont-Ferrand) , et, sans doute à cause de la sous-alimentation, François-Xavier a des engelures profondes aux mains. Il se fait soigner à la pharmacie tenue par M. Richaume, qui est d’origine lorraine. Le pharmacien le soigne en raclant l’os au fond de la plaie et en enduisant les plaies d’une pommade grasse. Le jeune François-Xavier est, paraît-il, très stoïque !
 
Il y a des congères de plus d’un mètre dans le village et, pour aller à l’école, les enfants mettent des « snow-boots », sortes de chaussons de caoutchouc que l’on enfile sur les chaussons. En temps ordinaire, les enfants portent des galoches, c'est-à-dire des sabots à dessus de cuir.
 
 
6. Les enfants, les jeux, les copains, l’école
 

 
(Sur la luge devant la maison)
 
François-Xavier indique, que, dans les souvenirs qu’il a de l’école de Bugeat et des maîtres d’école, le nom de Coulaud lui semble familier, et qu’il est tellement bavard que, selon ce qui a été rapporté plus tard, il a demandé à sa maîtresse si, au ciel, on avait le droit de parler (note : il a été noté que le nom de Coulaud figure parmi ceux des enseignants de l’école de garçons de Bugeat, dans ces années-là. Sa femme était également institutrice et a appris à lire et à compter (avec des buchettes de bois) à de nombreux enfants de Bugeat ) !
 
A l’âge qu’ils avaient, Jean-Louis et François-Xavier ne pensent qu’à jouer avec les enfants du bourg de Bugeat ; pour entrer dans la bande, il leur faut payer un « tribut » ; après avoir passé ces épreuves, ils sont admis dans la bande de garnements qui s’ébattent dans le parc public et les dépendances du « château », une grosse maison qui est maintenant connue comme « La Maison de Bruyères ».
 
A la sortie de l’école, les deux enfants oublient souvent de rentrer directement à la maison ; le soir venu, Jean-Louis dit à son jeune frère : « On va se faire disputer, mais cela va durer 5 minutes alors qu’on a bien rigolé pendant 2 heures ». Pour éviter la première vague de reproches, François-Xavier se réfugie parfois dans la cabane de jardin qui sert de WC. Les enfants se comportent comme cela parce que leur mère est repartie à Void en zone occupée ; c’est leur grand-mère qui garde les deux garçons ; elle a fort à faire car François-Xavier suit son frère comme son ombre !
 
Autres souvenirs pour François-Xavier, ceux des enfants de son âge ; certains sont malheureusement décédés ; ainsi un enfant - enfant, en 1940 – André Malagnoux, dont se souvient François-Xavier ; le père d’André Malagnoux, dans ces années-là, est marchand et réparateur de vélos, et son magasin est situé rue Nationale, en face du « château » (note : à cette époque existait l'atelier de cycles Malagnoux, qui était à l'emplacement actuel de la fleuriste ; André Malagnoux né en 1934, n’a pas habité Bugeat après ses années d’école ; il a été médecin, à Bordeaux, et il est décédé il y a quelques années).
 
Dans la maison située au 26 rue Nationale, de l’autre côté de la ruelle, réside une petite fille juive ; cette petite fille et une autre enfant vivent chez les fermiers voisins, dans cette maison qui est devenue la Mimounière, après la guerre ; la petite fille juive a disparu dès la suppression de la zone libre.
 
Encore un souvenir pour François-Xavier : dans la période où il vit à la Maison des Vicaires, en 40-42, le garçonnet, terrorisé, voit une maison en feu, à Bugeat ; il est appuyé au parapet, dans le bas de la route de la Gendarmerie, qui est en surplomb, dans le centre du bourg ; les flammes sortent par les fenêtres de deux étages d’une maison (note : les cheminements des destins sont tels que M. François-Xavier Gilbert rapporte, plus de 70 ans plus tard, le souvenir qu’il a d’une scène d’incendie, un incendie qui a dévasté, en septembre 1941, la maison DUPUY où habitaient Guy Pénichou et sa famille. Guiguitte, la soeur de Guy, racontait souvent la scène de panique, avec une personne qui, hystérique, lançait toute la vaissele par la fenêtre pour qu'elle échappe au brasier !!)).
 
 
7. Les échos des disputes entre cléricaux et anticléricaux
 

(Au fond du jardin, abri pour lire le bréviaire ;
il est situé dans l’axe de l’allée desservant les étages du jardin, au milieu du mur du fond)
 
Septembre 1940, c’est la première rentrée scolaire pour François-Xavier ; il va apprendre à lire et écrire et cela le réjouit. L’école se trouve à côté de l’église où il est enfant de chœur. Le pays est « communiste » et c’est mal vu d’aller à la messe.
 
Lors d’une procession, les participants se heurtent physiquement à des personnes qui veulent leur interdire de prendre la route qui est, disent-ils, un « bien public » ! Les participants à la procession sont les plus nombreux, et ils parviennent à poursuivre leur chemin (note : le climat de lutte entre cléricaux et anticléricaux est ancien, à Bugeat, comme l’ont noté les historiens, ainsi qu’en témoigne, pour prendre un exemple, les incidents survenus, en 1909, lors d’une procession organisée par le curé Léon Taguet).
 
Un jour, la mère de François-Xavier se voit repousser en fin de file dans un magasin de Bugeat en se faisant traiter de « boche de l’Est » (note : ce témoignage reflète ce qu’a pu être, dans certains cas, l’accueil fait aux réfugiés de 1940, fuyant l’Alsace-Lorraine ; des témoignages relatifs à la Grande Guerre font état d’un accueil semblable aux réfugiés de 1914 qui se faisaient traiter de « boches du Nord »).
 
 
8. Le jardin, le ravitaillement, le chauffage ; en novembre 1942, le retour à Void
 
 

(Il s’agit d’un mariage. Les deux personnes que l’on voit ici, à gauche, sur cette photo, alors qu’elles posent dans le jardin, dans une tenue de mariés, se nomment, pour le marié, Charles Eugène Alphonse Harduin, électricien, né à Cambrai, et domicilié à Bugeat, et, pour la mariée, Lucie Claire Elisabeth Pluvinage, modiste, née à Cambrai et domiciliée à Cambrai –information communiquée par Pierre Fournet-)
 
Il s’agit d’un jardin dit « de curé » : des fleurs pour l’église, des légumes pour le repas, des allées pour marcher en lisant son bréviaire. Ces allées sont généralement disposées tout autour du jardin et d’autres se croisent en son centre.
 
Sur une terrasse du jardin, se trouve une baraque en planches qui abrite un cochon et les WC, des toilettes sèches.
 
La famille Gilbert se rend à Condeau pour se ravitailler en nourriture ; ils font ces déplacements à pied, en suivant sur une partie du chemin la voie de chemin de fer ; le long de la voie ferrée, ils ramassent des morceaux de charbon qui les aident à se chauffer à la Maison des Vicaires. Le souvenir qui a été gardé de Condeau est que, dans la pièce où l’on entre, le sol est de terre battue (comme la cave de la maison de la famille Gilbert à Void) ; il y a une table, en bois, très épaisse qui est creusée pour servir d’assiette et il y a un trou permettant de la vider et de la laver, sans doute (note : souvenir très intéressant concernant une « table creusée », également nommée « table à évidements », un meuble qui a fait l’objet de multiples témoignages, et dont, en même temps, aucun exemplaire authentique n’a jamais été identifié). Les poules courent sur cette table. Pour les enfants Gilbert, cela est très étonnant !
 
Le 11 novembre 1942, suite au débarquement allié en Afrique du Nord, les allemands envahissent la zone libre ; rester à Bugeat pour éloigner les enfants des uniformes n’a plus de justification ; les enfants et leur grand-mère rentrent donc à Void.